CANCER ET TRAVAIL AU PROGRAMME DU TOUR DE FRANCE DES HANDICAPS INVISIBLES DANS LES HAUTS-DE-FRANCE
Evénements - Maintien dans l'emploi
Le Tour de France des handicaps invisibles à fait étape dans les Hauts-de-France, jeudi 19 octobre.
Organisé dans les locaux de Sciences-Po Lille, cet événement s’est plus particulièrement intéressé à la thématique « Cancer et travail : Comment accompagner le retour à l’emploi de personnes atteintes de cancer et comprendre les impacts en situation de travail ».
En ouverture, Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille, Isabelle Chavot, directrice territoriale au handicap du FIPHFP dans les Hauts-de-France, Marine Neuville, directrice du FIPHFP, et Thierry Vejux, de l’ARS des Hauts-de-France, sont revenus sur un certain nombre de données relatives à l’emploi, au handicap et à la question de santé publique que représente le cancer. Thierry Vejux a ainsi souligné que : « Au quotidien, 4 millions de personnes vivent avec un cancer, dont des personnes jeunes. Les employeurs ont une responsabilité vis-à-vis de cette maladie, à la fois en termes de prévention, de dépistage, d’information sur les droits et surtout maintien dans l’emploi des personnes malades ». Il a également rappelé que 50% des personnes atteintes d’un cancer ne retrouvent pas leurs postes à leur retour. La question du maintien et du retours en emploi est donc fondamentale.
Avant de poursuivre sur les deux tables rondes rythmant la matinée, Adda Abdelli, auteur comédien de la série « Vestiaires », a proposé un interlude humoristique pour sensibiliser et changer le regard sur ces situations, une intervention renouvelée entre chaque temps fort de l’événement.
Maintien dans l’emploi ou retour au travail suite à un cancer
Le premier temps fort de la matinée portait sur la question du maintien dans l’emploi et du retour au travail des agents suite à un cancer. Le Dr Philippe Martin, vice-président Hauts-de-France de la Ligue contre le Cancer a présenté, à cette occasion, les impacts d’un cancer et des traitements, ainsi que les enjeux pour les personnes atteintes d’un cancer dans leur quotidien professionnel : « Le cancer impacte l’emploi et reste un sujet tabou. 60% des salariés ayant eu un cancer n’osent pas en parler et 12% d’entre eux ont connu une discrimination par leurs collègues ». Il a également rappelé l’importance de la prévention et du dépistage, notamment chez les employeurs.
Le Dr Laurence Vanlemmens, oncologue au centre Oscar Lambret à Lille, a ensuite évoqué le programme européen "I Know How" qui vise à mieux informer sur la maladie l’ensemble des parties prenantes : patients, personnel de santé, employeurs. Livret patient repensé, modules de formation des professionnels de la santé, sensibilisation… Les solutions possibles sont nombreuses et le fait d’anticiper le retour au travail doit être un objectif prioritaire commun.
Enfin, Nathalie Presson, directrice générale de Cancer@work, a présenté les actions de cette association, créée en 2012 et visant à soutenir l’insertion, le maintien dans l’emploi et à améliorer la qualité de vie professionnelle des personnes confrontées à la maladie. Son ambition : faire évoluer les mentalités et les pratiques au sein des employeurs. « La maladie fait naître de nouvelles compétences et créer de la valeur humaine et sociétale au sein du collectif de travail », a-t-elle rappelé.
Une expérimentation régionale sur la relation cancer du sein et travail
La seconde table ronde s’est focalisée sur l’expérimentation régionale menée par le Nouvel Institut et le centre de gestion du Nord sur la relation cancer du sein et travail. Le Dr Christine Furon, médecin du travail au sein du centre de gestion du Nord, et Cindy Mortreux, directrice du laboratoire d’éthique et innovation du centre de gestion du Nord, ont détaillé ce projet innovant qui vise à permettre aux personnes en arrêt long de pouvoir reprendre confiance. Leur propos a été illustré par le retour d’expérience de Nathalie Dubuc, anciennement atteinte d’un cancer du sein. Cette dernière a témoigné de l’importance de savoir qu’elle allait retrouver son poste, mais aussi du fait que le retour doit être progressif et accompagné par le médecin du travail et par la DRH. Elle a également souligné que cet accompagnement doit se faire sur le temps long (5 ans) car les séquelles physiques et psychologiques durent longtemps.
« Quand j’étais malade, le cancer c’était un état passager et pas une identité. Il faut donc juste faire en sorte que les conditions de travail permettent de gérer les effets négatifs induits » - Nathalie Dubuc
Frédéric Lacaze, référent handicap pour la ville de Toulouse et Toulouse Métropole, a également fait part du travail réalisé à Toulouse, avec les agents qui ont travaillé et travaillent avec un cancer, dans le cadre du projet porté par le FIPHFP et le Nouvel Institut. Des échanges ont également eu lieu avec le centre de gestion du Nord et des solutions ont commencé à se mettre en place : questionnaire auprès des agents ayant eu un congé maladie fractionné pour savoir comment ce dernier se passe et ce qu’ils pensent de l’accompagnement, convention temporaire d’initiative concertée, ré-accueil intégré, réseau de pairaidance…
En conclusion à cette journée, Françoise Descamps-Crosnier, présidente du comité national du FIPHFP, a fait la synthèse des échanges et a rappelé que « faire connaître son handicap est une priorité pour que l’employeur puisse agir. Les enjeux sont nombreux pour les malades avec des incidences financières, professionnelles et familiales. La priorité est de soigner et le travail peut, dans certains cas, être constructeur de santé. Les personnes malades ne doivent pas être assignées à cette identité de malade. Il ne faut pas rompre le lien et anticiper la reprise de l’emploi pour qu’elle se passe pour le mieux. Je vous encourage à tous vous mobiliser ! »
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